Le roman s’ouvre sur le personnage d’Antoine, dit Snow. Ce jeune homme oisif, égoïste et superficiel évolue dans le milieu de la mode et du spectacle sans y appartenir vraiment. Il cultive une froideur de sentiment envers le monde qui l’entoure et une haine farouche envers sa mère Thamar. Si Antoine a toujours vécu en France, celle-ci, vient d’un pays d’Afrique subsaharienne, le «Mboasu ». Il n’a de ce pays que des souvenirs amers de vacances, lorsque sa mère l’envoyait tout l’été chez sa grand-mère. Il y retrouvait son demi-frère Maxime, élevé par cette dernière dans un bidonville.
On s’attache aux personnages qui peinent, par manque d’amour, à être heureux et à se laisser aller. Snow a erigé de solides barrières psychologiques pour se protéger : il gagne sa vie en monnayant son identité à des sans-papiers, dont son propre demi-frère. Thamar a toujours été ballotée par la vie : violée lorsqu’elle était adolescente, elle n’a pas su aimer ses enfants. Modi, la grand-mère a toujours caché ses origines de jeune-fille aisée. Maxime, blessé par l’abandon de sa mère est, contrairement à Antoine, fier de ses racines, reconnaissant envers les siens. Lui est celui qui aide, qui pardonne.
On est emporté dans cette saga, dépeinte avec finesse. Léonora Miano nous donne à voir des destins tissés de non dits et de maladresses. A tel point que l’on se demande si un jour « Ces âmes chagrines » pourront un jour retrouver la paix.