Le sous-marin allemand U-boot 823, à la proue ornée d’une grande croix gammée blanche, part pour une destination inconnue. Seul le commandant connaît la mission exacte. Ses jeunes recrues savent juste qu’elle doit assurer les mille ans de règne du IIIème reich. La jeunesse hitlérienne est fière de faire partie de cette entreprise, qu’elle ignore folle et désespérée.
Les hommes, pour tromper l’ennui et l’attente, se livrent à un jeu dangereux : chacun doit raconter un épisode marquant de sa vie. Dans les profondeurs de l’océan, quelques personnages vont se réveler aux autres et à eux-mêmes, à travers un récit ignoble, ambigu ou humiliant.
Tandis qu’à l’extérieur, rien ne se passe comme prévu : une attaque ennemie décime l’équipage et le bâtiment est sérieusement touché.
C’est alors que le roman change complètement de perspective : sans chef et avec de lourdes avanies, les rescapés sont incapables de poursuivre leur route. Avec leur vaisseau fantôme, ils abordent un pays sud-américain et commencent à vivre au sein de la tribu indienne Kunas, tout en essayant de remettre le sous-marin à flots…
Ces hommes passent d’un temps voué à la guerre, à un temps sans durée. D’un environnement technologique à un environnement naturel.
Et ce qui semblait être un roman de guerre, se transforme en une odyssée sur la noirceur de l’âme humaine, toujours vénéneuse, vacillant entre pulsion de mort et instinct de vengeance.
Se laisser ensorceler par un roman de Robert Alexis est une expérience peu confortable : on est tour à tour bercé par son style et secoué par la narration. Mais toujours subjugué par la grâce de son écriture.